Equité, expatriation, réintégration, management
Nous avons évoqué dans un précédent article la refonte de la nouvelle CCN de la métallurgie effective dès le 1 janvier 2024. Mais outre le socle social et juridique composé par différents accords cadres , il y a une partie non négligeable qui compose la CCN : la classification des emplois !
La classification des emplois : Ké-Za-Ko ?
- c’est un système qui classe les emplois et non les salariés en fonction du référentiel d’analyse et des emplois de la branche
- c’est un système commun à toutes les entreprises de la branche professionnelle qui permet d’analyser, de classer et de hiérarchiser leurs emplois les uns par rapport aux autres
- c’est un élément structurant pour l’organisation permettant aux salariés de se situer leur environnement par conséquent, ce n’est pas un système d’évaluation individuelle de la performance ou de sa manière de travailler. Elle permet de situer l’emploi, sa hiérarchie et son poids de rémunération en lien avec le coefficient.
La classification des emplois, c’est également le défi de l’équité interne !
Une histoire de chimpanzé !
En effet, l’équité interne est un défi ancien qui remonte à nos primates !
Des expériences réalisées par des spécialistes des primates ont en effet démontré que le sentiment d’injustice est très présent parmi les chimpanzés.
Expérience : Prenez deux grand singes et mettez-les dans deux cages ouvertes l’une sur l’autre. Aux deux, proposez-leur une récompense dès lors qu’ils répondent correctement à une sollicitation. A l’un donnez-lui une succulente friandise et à l’autre un simple concombre : au bout de quelques minutes, celui qui s’estime lésé commence à hurler et à manifester bruyamment son insatisfaction. Jusque-là rien d’anormal !
Mais l’expérience menée démontre également, que l’autre singe, qui comprend que la récompense qu’on lui accorde est inéquitable s’en détourne par solidarité avec l’autre chimpanzé … !
Cet exemple consacré à l’Empathie, nous dit beaucoup sur la vie en société et à fortiori en entreprise. Dans une entreprise, quand un ou plusieurs salariés peut s’estimer à juste titre mal traité ou discriminé, c’est alors toute l’entreprise qui est menacée ! Sans oublier le risque juridique !
Des règles justes et équitables doivent prévaloir aux décisions salariales ou aux promotions associés mais également de bien maitriser l’interprétation les normes de droits en l’occurrence conventionnelles. Ces règles nécessitent la plus grande transparence sur les principes mis en œuvre faute de quoi, une suspicion se fait jour et vient entacher toute la politique des ressources humaines et l’adhésion des salariés aux valeurs de l’entreprise. A bon entendeur salut !
L’équité reste une question interne incontournable, elle est au cœur des politiques de rémunération : “elle est une attente fondamentale et croissante des salariés, des recherches dans différents pays et contextes ont fait ressortir le caractère universel du besoin d’équité et l’importance primordiale de l’équité interne” (Jean Marie Perretti)
L’équité renvoie également à la notion d’égalité des chances ; une notion certes subjective dès lors qu’elle est confrontée à la perception des salariés de la valeur travail, de leur poste et de la manière de comment il est évalué !
Classer les emplois, un art difficile !
C’est pour cela, que les entreprises ont recours à la classification des emplois via les conventions collectives de branche ou par accords d’entreprise. Établir une classification, est un art difficile, la justifier encore plus difficile !
Des techniques de classification des emplois consistent à faire des pesées de postes afin de pouvoir positionner les emplois les uns par rapport aux autres. Tous les postes n’ont en effet pas la même valeur ! D’où l’intérêt de faire appel à un cabinet ayant des expertises en la matière.
Des entreprises réticentes, des salariés insatisfaits !
Malgré leur nécessité objective, les classifications n’existent pas dans toutes les entreprises. Beaucoup d’entre elles se reposent sur la convention collective et s’interrogent sur l’opportunité d’utiliser cet outil de management. A tort !
Car bien employée et interprétée, la classification des emplois est un outil de sécurisation juridique, un tout dernier cas jurisprudence (décembre 2021) : reclassement après une expatriation, (CCN ingénieurs et cadres de la métallurgie). L’expatriation d’un manager autonome évoluant de par sa mission vers une fonction de cadre dirigeant, démonstration à l’appui d’une montée en compétences et d’un GAP évident qu’il faut savoir réintégrer dans le bon emploi ! voir ici :